DIALOGUE NATIONAL: QUE DE JEREMIADES ENTRE RALLIEMENTS ET REMANIEMENTS!

Publié le par Hamid K.

Par Laounodji Mbairessem (Monza) / Blog Lyadish


L’embastillement de N’djamena et la débâcle des forces coalisées en février 08 a causé peu après une sérieuse psychose chez le président tchadien Idriss Deby, entend-on de sources proches du pouvoir. Beaucoup voyaient en la composition du nouveau Gouvernement de Youssouf Saleh Abbas comme une véritable ouverture politique de la part du président pour se refaire une image, apaiser les esprits et inclure tout le monde dans la recherche de dialogue national ou de paix entre belligérants tchadiens. Mais tout sauf ça !
Dès la publication de la liste du nouveau Gouvernement, il s’avère qu’il n’y a qu’un coup de pinceau blanc passé à la façade de tout ce que le Tchad a connu comme Gouvernements médiocres.
Ce remaniement, occasionné par la décapitation de l’opposition démocratique, n’est qu’une source d’éternelles jérémiades autour de la carence de vision politique qu’incarne le président Idriss Deby à faire entrer le Tchad dans le concert de pays démocratisés depuis presque deux décennies au pouvoir.Car les ralliements et remaniements au Tchad ne servent qu’à
remettre tous les compteurs de progrès à zéro.

Aujourd’hui tout le monde cherche à dialoguer avec ou sans les tenants du pouvoir en place à N’djamena. Mais pour quelles solutions durables de paix? Surtout quelle est la place qu’occupe exactement le Tchad
  dans le cœur et la tête de ses pourchasseurs de postes à mains armés et ces soi-disant opposants démocratiques dans leurs manigances et supercheries autour du pouvoir d’Etat à N’djamena? Quel langage de paix les opposants/belligérants tchadiens veulent-ils tenir en entrant dans l’actuel Gouvernement après tant de ratés, d’otages, de sang versé, de distance parcourues et de peine perdue autour du changement de pouvoir et de démocratisation au Tchad! Gageons qu’on ne nous dira pas après que Mr. Youssouf Abbas et compagnie sont entrés, chacun en son nom (à titre personnel !!!),  dans le Gouvernement!

Du moins, disons que les seuls ralliements et remaniements à encourager en ce moment au Tchad sont ceux qui contribuent à une véritable ouverture afin de faire taire les armes et créer les conditions du dialogue national sans exclusion. Mais force est de constater que les ralliements et remaniements au Tchad ne sont que de faire-valoir et subterfuges qu’utilise le régime en place à N’djamena pour humilier sinon liquider physiquement et politiquement toutes les grandes gueules qui l’empêchent de voir à côté ou de dormir sur ses lauriers. Ces deux pratiques politiques ont tendances à ralentir considérablement les élans des activistes et artisans tchadiens de la paix à l’intérieur du pays. Ainsi s’éclatent les rebellions, associations, partis politiques et syndicats au Tchad entre ralliements et remaniements.

Avant la présentation de son programme au Parlement, le Premier Ministre Youssouf Saleh Abbas
et certains de ses ministres ont déjà annoncé les couleurs de leur mission au sein de ce Gouvernement. Ils ne sont pas là pour faire avancer le débat national. Ils sont plutôt là pour accompagner et aider le président Deby Itno dans sa mégalomanie régionale et son oblitération de toute opposition politique au Tchad.

Et certains membres de ce Gouvernement disent également à qui veut les entendre qu’ils sont là pour gérer l’agression extérieure !… Par conséquent, ils ne sont pas là pour faciliter le dialogue national, soulager les populations de la misère noire ou créer une armée nationale respectueuse des institutions et populations.

La preuve en est qu’il n’y a pas un programme cohérent
présenté devant le Parlement de Diguel pour contenir les militaires et créer les conditions de cette réconciliation nationale tant crue.


Youssouf Abbas est jeune et personne ne doute de sa foi de voir son pays briller de mille feux avec son pétrodollar.

Cependant, même si les Tchadiens doivent cesser leurs jérémiades et saisir l’occasion de sa nomination pour encourager son programme fourre-tout, aura-t-il les épaules assez solides pour supporter et
co-assumer
les retournements du président Deby, vu les événements qui l’attendent tant à l’intérieur qu’à l’est du pays?

Le Gouvernement de Youssouf Saleh Abbas
n’est-il pas mal parti
, quand il annonce sans retenu aux parlementaires de Diguel et aux Tchadiens, « À compter de ce jour, je me considère co-responsable avec le Président de la République de tout ce qui peut advenir aux Tchadiens et à leur pays. »  
A-t-il d’autres parapluies et godasses
que le simple mot d’ordre du président de la République ?


Cela rappelle simplement que les nombreux Premiers Ministres tchadiens ne sont promus que pour jouer de l’apaisement entre les déçus de la démocratie tchadienne et ceux qui cherchent à pérenniser la vie d’Idriss Deby au pouvoir à coups de ralliements et remaniements.
Comme quoi le pouvoir de N’djamena devient cette chambre adiabatique où il n’y a pas de variation de température pour tous les Premiers Ministres et ministres qui y entrent et sortent ! Ces sieurs n’ont ni chaud ni froid de la situation invivable dans le pays. Alors, le Tchad et les tchadiens peuvent toujours continuer à attendre leur messie national.


Le Premier Ministre reconnaît la capacité et l’apport de la Diaspora tchadienne. Il la taquine en tant qu’ancien membre et l’invite: « Les hommes qu'il faut seront désormais à la place qu'il faut dans notre administration ».
Pourtant il n’a pas vu loin que d’aller puiser dans la réserve
  des prébendiers de N’djamena qui tirent l’espoir de la jeunesse et du peuple tchadien vers le bas. C’est là le péché originel qui risque de rattraper le Premier Ministre dans la composition de son actuel Gouvernement et dans son aveu d’une éventuelle co-responsabilité devant le peuple tchadien.


Vu ces comportements, que peut-on attendre des chefs de mouvements rebelles ou d’opposition démocratique qui font décimer des innocents Tchadiens pour des causes de ralliements ou de postes le lendemain? Tel qu’on le voit sur le terrain au Tchad, un ralliement au régime en place, quelque soit sa nature, n’est qu’un signe de dépassement économique. Pour ce faire, nos protagonistes tchadiens ont intérêt à comprendre qu’ils n’ont pas besoin d’occasionner de guerres depuis l’Est du pays ou de créer de soulèvements populaires à travers le pays pour sceller une réconciliation ou un ralliement à N’djamena et entrer dans le Gouvernement sans projet valable.

En attendant que le Premier Ministre ne pompe la STEE avec du gasoil pour éclairer son programme politique aux Tchadiens, les politico-militaires, eux, feraient mieux de forcer la main
 du Gouvernement Youssouf Abbas de créer les conditions d’un véritable dialogue.

 

Laounodji Mbairessem (Monza)

laoumonzal@yahoo.fr

Washington DC



Source: Lyadish blog

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