Tchad: N'Djamena se fait fort d'en finir avec la rébellion

Publié le par Hamid Kelley

AM ZOER (AFP) — N'Djamena espère en finir avec la rébellion qui semble s'essouffler après une victoire de l'armée tchadienne jugée "décisive" par l'état-major, mardi à Am Zoer, dans l'est du Tchad, au terme de huit jours d'offensive dans cette région.

Tout un symbole: sur la route entre Am Zoer et Abéché, un seul véhicule de l'armée nationale tchadienne est suivi docilement par cinq pick-up rebelles de l'Alliance nationale (A.N., qui regroupe les diverses factions rebelles). Un peu plus loin, quatre véhicules rebelles sont intégrés dans un convoi de l'armée nationale tchadienne (ANT).

Ce sont des ralliés. Il est difficile de donner un chiffre, mais nombre de rebelles seraient en train de se rallier depuis la bataille d'Am Zoer, qui a fait 162 morts rebelles selon l'ANT et 27 tués selon le bilan de l'Alliance nationale.

L'armée a remporté une bataille à Am Zoer. Elle a réussi ce que les rebelles essayaient d'éviter à tout prix: affronter de manière organisée avec le gros de ses troupes et ses moyens les rebelles plutôt adeptes de la guérilla ou des offensives surprise.

"Nous avons su attendre. Ils nous ont évité ici, ils nous ont évité là. Ils se cachaient à droite et à gauche. Ils sont rentrés cinq minutes dans les environs de Goz Beida", affirme le général de division Adoum Guelemine Gabglia. "Et, là on les a frappés et frappés fort", raconte-t-il à l'AFP, écrasant sa main gauche de la main droite.

"Nous les avons pris en étau", ajoute-t-il. Depuis Abéché, la capitale de l'est, les renforts continuent d'affluer avec d'importants moyens et notamment des chars transportés sur camions.

"L'armée tchadienne est beaucoup mieux organisée que par le passé. Elle fonctionne de manière plus moderne et rationnelle", commente une source militaire française. Quant aux rebelles, "s'ils savent faire des choses intéressantes, ils ont l'air d'avoir des problèmes de dissensions internes qui les gène un peu", remarque cette même source.

L'aéroport d'Abéché a ainsi reçu un renfort en hélicoptères après la chute de l'un d'entre eux, et en dispose de 3 sur les cinq de l'armée.

L'armée compte "régler le problème une fois pour toutes", selon l'expression du général Gabglia. "Nous ne faisons qu'obéir aux ordres du président (Idriss Deby Itno) qui a promis de mettre fin aux incursions des mercenaires soudanais", ajoute-t-il.

La rébellion réfute avoir subi un revers décisif. "La bataille n'a rien de décisif. C'est un truc pour remonter le moral de leurs troupes (de l'armée). Nous continuons la lutte, nous continuons à nous battre", affirme Ali Gueddei, porte-parole de l'Alliance.

"Pour le moment, nous regroupons nos forces dans la région d'Am Zoer. Ceux qui disent que c'est fini se trompent. Nous allons les détromper: l'objectif reste N'Djamena. Attendez quelques jours", a-t-il ajouté.

"Nous nous offrons un peu de répit après de durs combats", souligne-t-il.

"Vous connaissez beaucoup d'armées qui se reposent quand il y a la guerre ?" ironise le général Gabglia.

Toutefois, la rébellion, qui avait probablement peu d'illusions sur sa capacité réelle à prendre N'Djamena, alors qu'en février elle avait atteint la capitale et failli renverser M. Deby, cherchait plutôt par son offensive à déstabiliser le régime en montrant que l'armée ne contrôle pas l'est du pays, selon des observateurs militaires.

Les rebelles peuvent maintenant regagner leurs bases arrière au Soudan, recomposer leurs forces et attendre la saison des pluies qui tarde avant de reprendre leurs attaques dans trois mois.

"La rébellion peut toujours revenir", affirme sous couvert d'anonymat une membre de la société civile. "Le Tchad, c'est ni guerre, ni paix. C'est ça qui est dur. Ni guerre, ni paix".

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