Le Dr LEY-NGARDIGALs'exprime sur la crise tchadienne sur une radio Canadienne

Publié le par Hamid Kelley

Entrevue à la radio CHUO FM Ottawa-Canada  avec  le Dr  LEY-NGARDIGAL Djimadoum, Secrétaire Général de l’Action Tchadienne pour l’Unité et le Socialisme (ACTUS), Parti de l’Opposition.

 

Samedi 12  juillet 2008, à l’émission Afrique Plus, avec Jean-Marie Vianney

 

 

Pour mieux informer nos auditeurs sur la crise Tchadienne, selon vous quelles sont les origines:

 

La crise tchadienne remonte  aux lendemains de l’indépendance formelle du Tchad le 11 août 1960. Les premières émeutes ont déjà eu lieu en septembre 1963. C’était  véritablement en 1966 avec la création du Front de Libération Nationale du Tchad (FROLINAT) par Ibrahim Abatcha à Nyala dans le Darfour Soudanais qu’est née la série des conflits armés entre les différents gouvernements centraux à N’Djaména et les Mouvements politico-militaires.

Les causes de ces luttes armées sont d’origines  multiples: politiques, économiques, sociales, militaires.


         a-politiques

 

 

- Le président Tombalbaye interdit dès 1962 les partis d’opposition, et certains de ses administrateurs zélés notamment certains  militaires ont commis des exactions sur les populations de la partie septentrionale engendrant ainsi la création du Frolinat  en 1966.

La balkanisation de ce mouvement après la mort de son fondateur a conduit à des  excroissances ou tendances rivales (FAN,1èrearmée, FAP, Volcan,CDR , FAO, FLT…) qui ont pris le pouvoir  en  février 1979.

Mais très tôt les rivalités pour le contrôle du pouvoir, l’esprit clanique, la vision lucrative du pouvoir par les Leaders respectifs ont conduit à des multiples alliances et contre alliances puis à des affrontements militaires internes généralisés et sans discontinuité. Ce qui ont pour conséquence l’aggravation du  fragile équilibre social, politique et économique du pays.

 

-  Depuis 2006, une coalition de plusieurs Mouvements politico-militaires UFDD, UFDDF,FSR et UDC qui constituent l’Alliance Nationle (AN),  RFC, UFCD… ce que nous appelons les Forces de résistance nationale  contre la dictature, depuis l’Est du pays  ont  failli en avril 2006 et février 2008 renverser le dictateur, mais ce dernier est sauvé in-extremis par les interventions des troupes militaires françaises basées au Tchad.

 

- La situation au Tchad a atteint le sommet du chaos depuis 18 ans avec l’avènement au pouvoir du dictateur président, le Général Idriss Deby Itno en décembre 1990.

La prétendue démocratie instaurée par ce dernier n’est qu’une mascarade car jamais le tyran n’a remporté aucune élection démocratique. Les élections présidentielles de 1996, 2001 et de 2002 ont été de véritables hold-up et ces scandales furent soulignés par les observateurs internationaux et ONG.

 

 

         b-économiques

 

Nous constatons une corrélation entre la prolifération des mouvements armés, la recrudescence des combats, et la production du pétrole. La malédiction du pétrole a élu domicile au pays de Toumaï.

Rien que pour la première année de vente de pétrole en 2003, le pays a engrangé plus de 103 millions de dollars selon la BEAC.

Cependant, Ce flot de dollars n’a jamais profité aux populations. En effet, la manne financière du pétrole est détournée pour l’achat des Armes et pour l’enrichissement personnel du Président  et celui du clan familial, pour corrompre quelques individus…

Le train de vie entre une minorité richissime et la majorité absolue de la population de plus en plus misérable, l’institutionnalisation  de la corruption, du clanisme et du népotisme …ont acéré les frustrations  et les révoltes.

Les accords signés par le Président Deby  est un véritable bradage du pétrole tchadien aux multinationales (Exxon, Shell ) notamment qui détiennent plus de 80% de parts  du capital contre 12,5 %  au Tchad.

Ce bradage du pétrole en faveur des pétroliers  justifie le retour de l’ascenseur, c’est  à dire le maintien au pouvoir du dictateur par les Gouvernements des pays dits démocratiques du Nord principalement la France grâce aux interventions militaires contre les révoltes populaires antidictatoriales.

 

 

         c-sociales

La gestion catastrophique de l’Etat par les régimes successifs a des conséquences sociales désastreuses sur la société. La misère en croissance exponentielle a conduit la population à s’insurger. L’exemple le plus illustrateur est celui du régime du dictateur Deby: Le rapport 2007/2008 de l’IDH du PNUD montre que  le Tchad est classé parmi les 10 derniers pays soit  le 170ème sur 177 et que l’espérance de vie de 50.4 ans

Jamais de mémoire de tchadien, le pays n’a connu une telle paupérisation des populations  et ce malgré la vente du pétrole qui a rapporté rien que pour la première année de vente de pétrole, 103 millions de dollars selon la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC).

Le régime dictatorial a affecté tous colossaux revenus du pétrole pour l’achat des armes d’une part et d’autre part pour son enrichissement  illicite, celui de sa famille et son clan.

 

         d-militaires 

 

Il serait difficile de dissocier  les origines militaires de la crise tchadienne aux origines sociales.Les politiques d’exclusion pratiquées à des degrés variables selon les  régimes successifs ont  été à l’origine des insurrections. Dès lors, les régimes pour qui le pouvoir est une rente se maintiennent par la Forces des armes (répressions et exécutions sommaires des insurgés) aux trônes, augmentent le budget de la défense au détriment des dépenses sociales utiles aggravant  ainsi la misère et multipliant par conséquent les insurrections.

La présence des bases militaires françaises au Tchad, toujours promptes à écraser sous les bombes de leurs mirages les insurrections contre le pouvoirs centraux dictatoriaux, est l’une des causes exogènes des origines militaires de la crise tchadienne. Tous ces régimes imposés par la France au peuple ne disposent d’aucune légitimité démocratique et n’ont jamais demandé la fermeture de ces bases militaires protectrices de leur trône.

Autre argument avancé par les l’impérialisme français pour justifier le maintien des bases militaires françaises au Tchad, est la position du pays  au cœur de l’Afrique qui révèle une importance géostratégie pour la France mais aussi les immenses ressources minières notamment stratégiques telles que le pétrole et l’uranium.



2- Quel(s) rôle(s) a joué ou joue la Françafrique dans la crise tchadienne?

 



La France continue de jouer un rôle néfaste voire criminel  par sa politique coloniale au Tchad. Elle soutient des régimes dictatoriaux au Tchad comme par exemple celui actuel du Général-Président Idriss Deby, qui depuis 18 ans endeuille la population tchadienne. Les rapports des ONG estiment à plus de 25000 tchadiens tués par cet Homme qui congénitalement est criminogène.

Le soutien inconditionnel militaire de la France aux dictateurs a pour conséquence un entretien indirect et cynique des insurrections légitimes des peuples opprimés par ces régimes tyranniques. Ces  guerres  imposées par la France au peuple tchadien est un argument supplémentaire du maintien de ses bases militaires au Tchad mais aussi de rendre encore plus esclaves ces présidents à qui ils doivent leur survie.

Rappelons qu’en avril 2006 et février 2008, les Forces de résistance nationales étaient arrivées aux portes de la capitale, N’Djaména et autour du palais présidentiel. Cependant, malheureusement les interventions de l’Armée française ont sauvé le dictateur Deby.



3- L'union Européenne avait initié un dialogue inter-tchadien le 29 au 30 mars 2008 à Paris donc l'objectif était:Dialogue inclusif. Du concept du dialogue à sa réalisation, quelles en étaient les conclusions? Pourquoi le choix de la France et pas le Tchad?

 

A ma connaissance l’UE n’a jamais organisé une telle Conférence à Paris. Il s’agirait peut  être d’une réunion organisée par une petite ONG américaine avec quelques Tchadiens dont vous faites allusion.

Si l’UE avait organisé une Conférence, cela aurait un écho incontestable dans les médias. D’une part et d’autre part les protagonistes seraient invités et présents.Ce qui ne fut pas le cas  de cette réunion.

4 - a - On dit des Opposants dans le conflit Tchadien que pendant qu'ils négocient  avec le pouvoir d'Idriss Déby, que ces derniers collaborent en même temps avec les Groupes Extrémistes; ex:( RFC), (UFDD) de Mahamat Nouri, pourquoi cette ambivalence, selon vous?

La propagande du régime tchadien tente de discréditer les Forces de résistance nationale mais les Tchadiens et l’opinion internationale découvrent la supercherie et les mensonges du dictateur Déby à travers les déclarations du Président du mouvement rebelle soudanais du Darfour (MJE) du Docteur Khalil Ibrahim  qui révèle ses liens très étroits avec le dictateur Déby. (son interview sur RFI du 20 octobre 2006)

 

 

 

         b- Au Tchad où les rebelles succèdent aux rebelles, ou opposant est synonyme de businessmen, le véritable problème du pays est-il dans son Opposition ou ses Opposants? dites-nous.

 

La multiplication des mouvements armés  qui est une réaction légitime  aux frustrations et injustices sociales des régimes dictatoriaux successifs, ne saurait occulter les problèmes réels de l’Opposition d’une part et celui des Opposants d’autre part.

Il  y a au sein de l’opposition des« Opposants businessmen »,des taupes des régimes infiltrées qui torpillent la résistance,mais il faudrait aussi signaler heureusement la présence des véritables patriotes, nationalistes et démocrates  qui, pour l’instant n’ont pas encore véritablement émergés.

 

Tant qu’il n y aurait  pas une véritable unité d’action contre la contradiction principale, en l’occurrence celle de capitaliser toutes énergies pour anéantir le dictateur, l’objectif ne serait  jamais atteint.

Tant que certains Leaders politiques n’auraient pas le sens aigu de la gestion de la chose publique et celui de la nation le drame continuerait au gré de changements.



5- Pour résoudre le conflit Tchadien Déby a choisit de faire appel aux troupes''Étrangères'' MJE (Mouvement Justice Égalité), MLS (Mouvement de Libération du Soudan), on se souvient de Laurent Désiré Kabila en RDC avec son ( AFDL) qui après avoir libéré le Zaïre de Mobutu, les Troupes ''Étrangères'' ne sont jamais ressorties du Pays de la RDC. Déby est-il en train de faire la même erreur?

 

 

Le MJE  et l’AFDL ne sont pas semblables. La seconde est une armée de libération du Peuple ayant quelques éléments internationalistes étrangers certes mais soutenus par toutes les Forces vives africaines qui haïssaient unanimement le tyran  Mobutu.Ce n’est pas le cas du MJE et de Déby qui sont rejetés par le peuple tchadien.

 

 

 

6- La crise Tchadienne a-t-elle des facteurs internes ou externes? En d'autres termes la crise au Darfour aurait-elle un lien direct ou indirect avec le conflit Tchadien?

La crise tchadienne commencée effectivement en 1966 est de loin antérieure à la crise du Darfour qui a été déclenchée en février 2003 par le MJE du Dr Ibrahim Khalil.

Rappelons que le MJE est une milice créée, financée et armée par le dictateur tchadien. Cette vérité  a confirmée par son Président le Dr Ibrahim Khalil dans une interview à RFI le 20 octobre 2006, affirmant le rôle capital joué par le Général-Président Idriss Déby Itno dans le soutien à son mouvement qui participe par ailleurs aux combats contre les Forces de résistante nationale tchadiennes aux côtés de l’Armée gouvernementale du dictateur.

Les luttes armées contre le dictateur Déby au Tchad ont commencé en 1991 soit une année après sa prise du pouvoir par un coup d’Etat militaire avec l’aide de la France de la Libye et du Soudan. Les Mouvements politico-militaires de l’Est ne sont par conséquent pas crées par le Président  El Béchir du Soudan comme l’assène la désinformation du gouvernement tchadien de plus les Leaders de ces Mouvements  ne sont pas des mercenaires soudanais mais des anciens Ministres, Officiers de l’Armées tchadienne, Ambassadeurs? Hauts fonctionnaires…

Il est une évidence qu’outre les facteurs endogènes (dissensions internes),il y a aussi les facteurs exogènes qui pèsent sur cette tragédie.



7- En terminant, donnez-nous quelques pistes de solutions, pour une véritable paix au Tchad.

 

-  L’unique solution objective et crédible  pour résoudre la crise tchadienne et ramener une paix pérenne, est d’organiser une Conférence de paix inclusive réunissant le gouvernement,l’Opposition civile démocratique,les Mouvements politico-militaires et la Société civile.

 

- Cette Conférence doit être placée sous les auspices de l’Union africaine,les Nations unis avec la participation de certains pays directement  impliqués dans le dossier tchadien (Libye,Soudan, Gabon,Nigeria, Congo Brazzaville,France, Sénégal) et des pays  qui joueraient un rôle important (USA, Chine populaire, Canada, Russie, Afrique du Sud et Algérie).

 

- Elle élaborera un programme d’un gouvernement de transition dont la durée  maximale n’excédera pas 12 mois.

 

- La  mission de ce gouvernement de transition sera d’organiser  les élections véritablement démocratiques. A cet effet, ses membres ne doivent pas être candidats à cette  première élection présidentielle

 

- Les institutions internationales et les pays participants  doivent garantir par tous les moyens la tenue puis l’application des résolutions de ladite Conférence de paix inclusive. 

 

Je rappelle que les  28 et 29 octobre 2006 à Paris s’est tenue une importante Conférence de l’opposition démocratique, des Politico-militaires et de la société civile. L’une des résolutions est la création du Comité  Chargé de l’Organisation de la Conférence Nationale Inclusive de paix (COPORT).En ma qualité de Président du COPORT, je  lance ici sur les ondes de Radio CHUO FM Ottawa, un appel solennel au gouvernement Canadien d’aider à l’organisation et à la tenue de cette Conférence inclusive de paix  au Canada. En effet, Le Canada, pays pacifiste et neutre dispose de ces deux atouts  indispensables pour la réussite d’une telle rencontre permettant de sauver la vie des milliers de tchadiens que les guerres fauchent quotidiennement.

 

Source : http://www.afriqueplus.net/3.html

Radio CHUO FM Ottawa-Canada 

 

 

Le dictateur Deby n’a pas de légitimité populaire. Pour se maintenir au pouvoir, il a crée en Février 2003 une milice de mercenaires soudanais le MJE du Dr Khalil Ibrahim qui combat à ses côtés contre les Forces de résistance nationale.
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