«Hissène Habré ne sera jamais jugé, même avec 1 000 milliards de francs Cfa»,

Publié le par Hamid Kelley

DECLARATION - Les avocats de l’ex-président tchadien sur le procès de leur client

«Hissène Habré ne sera jamais jugé»

Les avocats de Hissène Habré étaient hier face à la presse pour s’exprimer sur l’évolution du dossier de leur client qui, selon eux, ne sera jamais jugé.


Par Mamadou DIALLO


Image«Hissène Habré ne sera jamais jugé, même avec 1 000 milliards de francs Cfa», cette expression de Me El Hadji Diouf a résonné hier, faisant des échos dans la salle de l’Hôtel Indépendance qui abritait le point de presse du collectif de avocats de Habré. Un collectif qui, pour renforcer sa défense, s’est doté d’un nouveau membre, Me François Serres, avocat au Barreau de Paris. Une façon, selon Me Diouf, d’internationaliser la défense face à un «complot international contre son client». L’avocat appuie son argumentaire sur le fait que l’ex-chef d’Etat tchadien a été jugé au Sénégal avant même l’ébruitement de ce dossier. «Je ne sais pas ce qui a motivé cette sortie insolite du gouvernement sénégalais qui a voulu ignorer la décision déjà rendue par sa Justice pour aller quémander des fonds pour, dit-il, juger Habré. C’est comme si le gouvernement perdait la raison, le sens», lance Me Diouf dans son célèbre réquisitoire. Son confrère, lui, s’inquiète de la détermination sénégalaise à vouloir juger Hissène Habré.
Pour Me François Serres, le Sénégal s’est imposé l’obligation de juger Habré alors qu’il n’a même pas la possibilité de le faire. Car, ajoute-t-il, un pays qui ne respecte pas la séparation des pouvoirs n’a pas de Constitution. «Le Sénégal n’a pas hésité à modifier son ordre constitutionnel pour la mise en œuvre du procès de Habré. Dans quel pays au monde on modifie la Constitution pour juger un homme» s’interroge-t-il. Donc, comme son confrère, Me Serres reste aussi convaincu que son client ne sera jamais jugé, puisque, estime-t-il, «on ne juge pas avec une nouvelle loi des faits commis antérieurement. Il y a le principe de l’antériorité et ce principe viole le préambule de la Constitution sénégalaise». Des interrogations, il n’en manque pas dans cette affaire. Surtout quand les avocats de Habré crient au complot international pour liquider leur client. «Que gagnerait le Sénégal en jugeant Habré ? Pourquoi le Sénégal est allé chercher un mandat contre Habré au niveau de l’Union africaine (Ua) ? Pourquoi l’Ua demande à ce que le mandat d’arrêt international contre le Président Soudanais Omar El Bechir soit suspendu et non le procès de Habré», s’interrogent-ils. «Autant de zones d’ombre dans cette affaire», selon Me Diouf. Donc, tout cela l’amène à dire que c’est Mouammar Khadafi qui est derrière cette affaire et non l’Ua, qui serait manipulée par le Guide libyen. Ainsi, il prône pour que Idriss Déby et Khadafi soient jugés au même titre que Habré, car ayant commis les mêmes délits.
Sur la décision de la justice tchadienne condamnant à mort par contumace la semaine dernière Hissène Habré, ses avocats se disent sereins. Car, selon Me Diouf, «on ne peut pas faire confiance à une République bananière comme le Tchad. Personne n’a été informé par le Tchad de cette procédure, ni par commission rogatoire. Cela prouve le manque de sérieux de cet Etat qui rend une décision clandestine d’un jugement clandestin.» Pourtant, c’est cette décision qui avait poussé le ministre sénégalais de la Justice à dire que Habré pourrait ne plus comparaître devant des juridictions sénégalaises. Une déclaration qui a «déçu Me Diouf». «C’est grave que Madické Niang soit rassuré par une décision émanant d’un gouvernement aux abois. La réaction du ministre de la Justice est imprudente et prématurée, lui qui me disait être étonné de la décision tchadienne», soutient-il.
Au cours de ce point  de presse, les avocats de Habré ont annoncé une sortie prochaine de leur client devant la presse. «Aujourd’hui, sa liberté d’expression est entière et il fera bientôt face à la presse», lance Me Serres.
lequotidien.sn  

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article