Obama choisit un ténor expérimenté

Publié le par Hamid Kelley

LES CHAÎNES de télévision sont allées plus vite. Alors que l’équipe de campagne de Barack Obama, le candidat du Parti démocrate à la Maison-Blanche, devait annoncer par SMS à ses soutiens le choix du colistier, c’est par l’intermédiaire de la bonne vieille télévision que l’information a finalement filtré.

Tard vendredi soir, CNN, NBC et l’Associated Press ont confirmé le nom de Joseph Biden comme candidat à la vice-présidence sur le ticket démocrate. Une demi-surprise car son nom revenait souvent dans les pronostics.

A 65 ans, Joe Biden a déjà passé plus de trente-cinq ans au sein du Sénat, l’institution la plus prestigieuse du Congrès, comme élu du petit Etat du Delaware (côte Est). Il préside le Comité des relations étrangères, où le « Junior Senator » Obama, 47 ans et un seul mandat, siège également : c’est là que les deux hommes ont fait connaissance et se sont liés d’amitié. De souche irlandaise et catholique, ce démocrate « classique » est connu pour ne pas mâcher ses mots. Voire pour parler un peu trop vite et trop fort. Candidat en 1987 à la présidence du pays, il avait « emprunté » au travailliste anglais Neil Kinnock des pans entiers de son discours… sans le citer. Une erreur fatale. Biden s’était lancé dans une deuxième campagne présidentielle l’année dernière. Mais face à des résultats bien maigres dans le caucus de l’Iowa, il avait abandonné.

« Joe Biden est quelqu’un de largement respecté, confie Thomas Mann, spécialiste du Congrès à la Brookings Institution. Pendant les premières années du conflit en Irak, il a été l’un des seuls à organiser des auditions intéressantes au Congrès. Il a très souvent travaillé avec des républicains et a beaucoup agi pour le droit des femmes », poursuit-il. Pourtant, le choix de Biden peut, à première vue, surprendre. Obama fait campagne pour le changement, souvent sur un ton anti-establishment : exactement ce qu’est Biden.

« Biden va mettre McCain sur la défensive »

Mais la raison principale pour laquelle Obama a préféré s’allier à un parlementaire de longue date et non à un jeune gouverneur ou à une femme tient en quelques mots : le profil rassurant pour l’électorat blanc de ce catholique expérimenté en politique étrangère. Biden a effectué plusieurs dizaines de missions sur tous les continents et connaît personnellement de nombreux dirigeants étrangers. Même s’il a voté en faveur de la guerre en Irak, il a rapidement changé d’avis et critiqué ouvertement l’administration Bush.

John McCain et les républicains n’ont pas tardé à réagir à l’annonce de l’identité du colistier d’Obama. Dans la nuit de vendredi à samedi, l’équipe du candidat du Grand Old Party a publié un communiqué laconique : « Personne n’a été plus critique que Joe Biden sur le manque d’expérience de Barack Obama. » Le sénateur de l’Illinois commet-il donc une erreur, en « avouant » ainsi son manque d’expérience ? Pas selon Thomas Mann. « Cela démontre qu’Obama n’est ni arrogant ni trop sûr de lui, qu’il comprend qu’il doit rassurer ceux qui doutent de lui et qu’il bénéficie dans son équipe de gens expérimentés en affaires étrangères. Je pense d’ailleurs que Biden va mettre McCain sur la défensive », estime cet analyste.

 

Le Parisien

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