nous constatons que la justice internationale ne semble appliquer les règles de la lutte contre l'impunité qu'en Afrique comme si rien ne se passait ailleurs

Publié le par Waldar

 Le mandat de la CPI contre Béchir "menace la paix au Soudan", selon l'UA

AFP-Le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) émis contre le président soudanais Omar el-Béchir "menace la paix au Soudan", a déclaré mercredi à l'AFP le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping.

"Je viens d'apprendre la décision de la CPI de lancer un mandat d'arrêt contre le président du Soudan et tiens à souligner d'abord que la position de l'UA est que nous sommes pour la lutte contre l'impunité, il n'est pas question pour nous de laisser les auteurs de crimes impunis", a déclaré M. Ping.

"Mais nous disons que la paix et la justice ne doivent pas s'affronter, que les impératifs de justice ne peuvent ignorer les impératifs de paix", a-t-il estimé, jugeant que cette décision de la CPI "menace la paix au Soudan". Cette position a déjà été énoncée plusieurs fois par les 53 Etats membres de l'UA.

M. Ping a indiqué qu'une réunion extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA sur ce sujet se tiendrait jeudi au siège de l'organisation continentale à Addis Abeba.

"Les questions de paix sont si importantes que la justice doit prendre en compte ces questions au Soudan comme elle le fait partout ailleurs", a poursuivi M. Ping.

"Or, nous constatons que la justice internationale ne semble appliquer les règles de la lutte contre l'impunité qu'en Afrique comme si rien ne se passait ailleurs, en Irak, à Gaza, en Colombie ou dans le Caucase", a-t-il déclaré.

M. Ping a rappelé que l'UA a décidé, lors de son dernier sommet en février, de "mettre en place avec (l'ex-président sud-africain) Thabo Mbeki un panel de haut niveau destiné à concilier justice et paix afin que la justice se fasse au Soudan".

La CPI a émis mercredi un mandat d'arrêt contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à un conflit complexe à l'origine de 300.000 morts selon l'ONU. Khartoum chiffre à 10.000 le nombre de décès liés aux combats.

Jean Ping a indiqué à l'AFP que l'UA a entamé depuis septembre des démarches auprès des Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU en vue de "suspendre et différer" la procédure judiciaire engagée par la CPI contre le président soudanais.

"Il s'agit de consultations auprès des Etats membres du Conseil dans l'optique de pouvoir demander l'application de l'article 16 du statut de Rome qui permet au Conseil de sécurité de suspendre et différer le processus initié par la CPI", a-t-il expliqué.

Le statut de Rome définit les règles de fonctionnement de la CPI. Il a été adopté en 1998.

L'article 16 indique qu'"aucune enquête ni aucune poursuite ne peuvent être engagées ni menées en vertu du présent statut pendant les douze mois qui suivent la date à laquelle le Conseil de sécurité a fait une demande en ce sens à la Cour dans une résolution (...)".


 

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