Quand l’UFR occulte le cas d’Ibni Oumar Mahamat Saleh ?
Quand l’UFR occulte le cas d’Ibni Oumar Mahamat Saleh ?
L’Union des Forces de la Résistance est aujourd’hui le seul cadre de regroupement de l’ensemble des mouvements rebelles signataires du manifeste politique du décembre 2008. Sa création est , comme l’a rappelé son président Timan Erdimi dans sa déclaration historique du11 août dernier « une réponse à la dictature sanguinaire d’Idriss Deby ». Cette réponse qui devrait être possible par l’usage de la force , pourrait l’être également par d’autre issue pacifique si le régime de N’djamena, dopé par la victoire à la Pyrrus lors des derniers événements d’Amdam, aura à ceder sous des fortes pressions internationales en pliant l’échine pour un dialogue inclusif réclamé à cor et à cris depuis 2005 par l’opposition démocratique, la société civile et les politico-militaires. Ces derniers temps, la tendance semble préciser quelques signes favorables à une prochaine rencontre entre le gouvernement de N’djamena et une délégation de l’UFR qui pourrait éventuellement se solder par une plate forme en vue d’un probable accord de réconciliation. Invité de la Télévision arabe d’Aldjazeera, le tout nouveau conseiller du médiateur national Ahmat Yacoub Dobio, affabulé pour la circonstance d’un titre ronflant et fallacieux d’ancien président du FNTR, a signifié que « le gouvernement de Deby entretient des contacts directs avec la plupart des leaders de l’opposition armée exceptés deux d’entre eux jugés intransigeants de part leurs positions politiques » sans toutefois préciser lesquels sont-ils ? A cette question posée par la journaliste d’Aldjazeera, l’ancien rebelle du net a préferé l’esquive tout en étalant sa nouvelle connaissance du ridicule argumentaire que font souvent usage les sicaires du MPS telque « la politique de la main tendue du président Deby ». Alors on se demande si cette main souillée jusqu’au coude par le sang des tchadiens restera –t elle toujours tendue pour exterminer les quelques rares polico-militaires sur lesquels fondent l’espoir les populations opprimées afin de pouvoir sortir de cette sombre ornière ? Malin qui pourra prédire que le régime de Deby se réconcilliera de bonne fois avec les politico-militaires sans que ces derniers ne puissent tomber dans son piège. L’histoire récente du Tchad a démontré que les vrais ennemis d’hier de Deby ont connu une fin tragique après leur retour au pays. Et cela devrait faire méditer Ahmat Yacoub Dobio s’il avait été vraiment un chef des maquisards . Toutefois, du coté de l’UFR qui espère ne pas donner d’elle l’image de va t-en guerre aux yeux de la communauté internationale, on tente de stimuler une diplomatie moribonde. Il ya deux semaines , une douzaine des cadres se sont retrouvés en atélier à Moudeina pour amender et valider un document dit « feuille de route de l’UFR » présenté par les décideurs de cette organisation. Ce document est un plan de paix qui sera présenté comme vision du mouvement par rapport à la question de la paix au cas où se tiendraient des discussions avec le régime MPS. L’initiative d’élaboration de ce document, semble t- il, venait d’un lobbying discret contacté à l’occident pour mener la facilitation dans le conflit qui oppose les tchadiens. Donc, rien n’interdit d’amorcer un dialogue avec le pouvoir de N’djamena pourvu qu’il soit sincère. Mais de quelle sincerité , quel courage politique peut disposer un homme comme Idriss Deby toujours enclin aux négociations séparées avec les rebellions qui, poutant, ne resolvent aucun problème si ce n’est que d’alourdir le malheur du peuple par la résurgence des nouvelles situations ?
Au regard de ce qui s’est passé sous le pouvoir MPS , et en étant consciente, l’opposition armée commence à nourrir des illusions quand elle parle de la paix et faire la paix avec une dictature si abjecte. Peut être que dans son rang, certains semblent gagnés par la lassitude d’une longue guerre, d’autres ,guidés par le souci alimentaire, voudraient se faire une place au soleil sur les bords du fleuve Chari, d’autres encore des taupes( dixit Acheikh Ibni Oumar) souhaiteraient toucher leurs primes auprès de leur maître pour avoir accompli le sale boulot d’infester la lutte armée. De toutes façons , l’opposion armée de l’Est qui traine des casseroles a du mal à se comporter comme une organisation responsable, capable de relever les défis qui se posent au Tchad et aux tchadiens. Sinon , comment comprendre que celle-ci n’évoque nulle part dans le document de paix qu’elle entend proposer le cas d’Ibni Oumar Mahamat Saleh ? Pourquoi l’occule –t-elle ?N’est elle pas en déphasage avec les réalités ? Pourra – t’elle faire la paix sans qu’elle ne pose sur la table des discussions la question des crimes et des assassinats politiques à son interlocuteur ? Quelles garanties pourra –t-elle s’assurer et assurer ses membres qui prétendraient jouer un rôle politique un jour, au cas où elle parviendrait à se réconcilier avec le boucher Idriss Deby ?
La surprise est cependant grande de voir l’UFR qui ferme les yeux sur les circonstances ô combien douloureuses de l’assassinat du Dr Ibni Oumar Mahamat Saleh, l’icône de la lutte pacifique au Tchad parcequ’elle n’a jamais recommandé publiquement ni dans le manifeste politique la créant , ni dans ce qu’il est convenu d’appeler « feuille de route »(le plan de paix) qu’une justice lui soit rendue ! Mais le cas d’Ibni Oumar Mahamat Saleh est une question nationale .En ce sens que la révendication de la justice doit être inscrite en terme de principe à tous ceux qui luttent pour que le Tchad de demain n’enregistre pas des cas d’élimination physique comme ceux des lumières éteintes brutalement : Ibni , Guetti, Beyidi, Digui,Bisso pour ne citer que ceux là parmi les inombrables cas d’assassinats , parcequ’ils ont marqué une certaine différence dans le combat politique pour un Tchad d’égalité, de paix et de justice en choisissant la voie moderne et civilisée de la lutte ; donc ils sont en quelque sorte en avance de leur époque. L’UFR se bat aujourd’hui parcequ’elle veut que le peuple tchadien vive en paix et en sécurité. Elle a intérêt à ne pas laisser la question d’Ibni Oumar qui aurait du en principe être inscrite de manière spécifique dans le préambule de sa feuille de route. En la négligeant, elle a manqué le devoir de reconnaissance envers ces centaines des jeunes qui avaient regagné la lutte armée au lendemain de la disparition d’Ibni Oumar et qui font partie aujourd’hui de ces milliers d’autres disposés à sacrifier leurs vies pour la cause nationale.Il est pourtant inadmissible de faire fi à cela et l’on comprendrait difficilement que des respectables cadres qui ont pris part à l’atélier de Moudeina , perdaient les reflexes de ne pouvoir introduire parmi les préalables à la paix le cas de la mort d’Ibni Oumar et la recherche de la vérité sur ce sombre événément de l’histoire socio-politique duTchad. Dans ce cas, quelle paix, quelle réconciliation , voudrait elle faire avec Deby ? Est elle attirée par ses petrodollars qui sont d’ailleurs l’argent du peuple détourné ? Il faut dorenavant qu’on sache cequ’on veut et on ne devient pas rebelle pour le plaisir de l’être. Ceux qui servent aujourd’hui de chair à canon aux mouvements rebelles sont les enfants du peuple tchadien, victimes de l’injustice, de la barbarie et de l’instabilité chronique dont fait l’objet le pays. Ce sont les enfants du monde rural à qui le pouvoir clanique de Deby dans sa politique d’asservissement et d’appauvrisement des populations , a rendu un enfer leur environnement d’où il leur est impossible de vivre dignement. C’est pourquoi, ils acceptent , après un engagement ,de mourir pour la cause de n’importe quelle organisation sans tenir compte du cynisme et du sadisme des prétendus politicards qui pratiquent ignominieusement le bussiness de sang. Il y a aussi ceux qui sont poussés par des événements surtout celui de février 2008 qui, en prenant les armes souhaitent rendre justice au Tchad. Ces deux cas des combattants doivent être compris et sont loin des rêveries de certains pour qui la rebellion pourrait être une ascension sociale ou une source d’enrichississement illicite. Ce qui fait pourtant l’une des difficultés pour canaliser et revolutionner cette lutte car l’alliage de l’or , de l’aluminium et du cuivre ne pourra pas bien donner la confection des jolis bijoux à la princesse. La lutte que l’opposition mène à partir de l’Est du pays doit être celle des populations tchadiennes victimes du règne de l’arbitraire. Elle doit répondre à cette injustice sociale par une justice sociale, à la haine par l’amour , à la division par l’unité, à la guerre par la paix ,à l’assassinat par le respect de la vie humaine…
C’est pourquoi le cas de Ibni Oumar Mahamat Saleh assassiné par Idriss Deby ne doit pas être confondu avec ceux des 700 tchadiens tués( le chiffre vient de Deby) soit par des balles perdues ou soit morts dans le camps des gouvernementaux ou celui des rebelles pendant les événéments de fevrier. Toute perte en vie est certes touchante mais celle d’Ibni Oumar Mahamat Saleh à force de brûler les cœurs des jeunes est devenu un stimulus voire même une dose de courage dans le combat qu’Ils mènent avec abnégation contre la dictature debyenne.Un jour viendra où la justice et la vérité triompheront.
AHMAT YACOUB ADAM
Combattant de l’UFR