Mon séjour au Tchad 1970 1971 -7-

Publié le par Waldar

Par  pmabeche

19) 17 avril.

 

Ce n’est que lors d'une « réception » que le général de T. rappela que l’accrochage de Makalka eut lieu à cette date.

 

Vers le 7 avril 1971, T. m’envoya encore une fois en zone FLT, sans doute, comme d’habitude, sur un vague renseignement. Nous tournions en rond depuis une semaine sans résultat autre que de casser du matériel, à la poursuite d’une bande dont nous ne savions même pas si elle existait vraiment. Vers midi, un camion en panne, je décidai de m’arrêter, pour manger et pour prendre la vacation radio. Je voulais obtenir du commandant l’ordre de rentrer. Nous en avions marre.

 

Nous n’avions qu’un poste de radio à modulation d’amplitude et en graphie, en morse (tititi, tatata, tititi). Il fallait près d’une demi-heure d’installation avant de pouvoir communiquer avec Abéché, et le moindre message demandait plusieurs minutes. Si on voulait une réponse, il fallait attendre presque une heure, que l’on porte le message au destinataire, qu’il rédige la réponse, qu’on l’apporte aux transmissions, et qu’on la transmette. Mais on pouvait transmettre à plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres.

 

Je rendis compte de ma situation : pas de résultat, peu de renseignements, et un camion en panne. Une heure après j’avais la réponse : « rendez-vous avec vos moyens restant au carrefour de piste d’Abdi où de nombreuses traces ont été vues ce matin ». Le carrefour d’Abdi était à environ 150 Km de mauvaises pistes. Je me trouvais au bord de la Bitéa, il fallait me rendre au sud du Batha, sur un simple renseignement, avec 20 hommes et 2 camions. Je n’étais pas d’accord. Une heure plus tard, l’ordre arrivait : « Laissez sur place le véhicule en panne qui sera ou remplacé ou dépanné dès demain, avec le chauffeur et quelques soldats ». Pas moyen d’y échapper. Mais cette « conversation » avait duré tout l’après-midi. Pendant tout ce temps, comme je ne pouvais m’éloigner de ma radio, je n’avais pu rendre visite au village et à son chef. Celui-ci et les anciens avaient attendu ma visite, regroupé devant le village pendant au moins une heure, puis voyant que je ne m’avançais pas vers eux, ils étaient rentrés, mais m’avaient envoyé les femmes et tout l’après-midi, je dus subir les youyous : « Youyou, les Français reviennent, youyou, les Français reviennent ! », sans pouvoir y répondre.

 

 

 

Cela ne gênait pas la communication en graphie. Et le soir venant, j’avais toute une nuit de route à faire, je ne pouvais visiter le village, je partis sans répondre à l’accueil, après avoir organisé la position pour garder en vie la petite troupe restante.

 

Nous fûmes secoués et congelés toute la nuit (13° au plus froid). Je ne dormis que sur la partie de piste connue à la fin de la nuit, il fallait aussi assurer la direction.

 

Ouaddaï aube

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