Le dictateur libyen fête en grand ses quarante ans de pouvoir

Publié le par Waldar

Le dictateur libyen fête en grand ses quarante ans de pouvoir



Le colonel Mouammar Kadhafi fête mardi 1er septembre quarante ans de règne, dans un contexte de retour en grâce de la Libye sur la scène internationale


Mouammar Kadhafi lors du sommet spécial de l'Union africaine à Tripoli, le lundi 31 août (AP/Ben CURTIS).

Quoi de mieux qu’un sommet spécial de l’Union africaine (UA) pour ouvrir cette semaine de célébration du 40e anniversaire de l’accession au pouvoir de Mouammar Kadhafi ? Élu en février dernier à la présidence tournante de l’organisation, celui qui se considère comme le « roi des rois d’Afrique » a convoqué lundi 31 août ses pairs à Tripoli.

Fidèle à sa réputation de provocateur, le numéro un libyen a ouvert la réunion en accusant Israël « d’être derrière tous les conflits en Afrique ». Les dossiers importants du continent figuraient au menu des discussions, ainsi que le réchauffement climatique.

Kadhafi, « roi d’Afrique »

Deux mois seulement après le sommet ordinaire de l’UA, la session spéciale de lundi était surtout une manière pour le « Guide » d’associer le continent aux festivités, qui marqueront également le 10e anniversaire de l’organisation. Proclamée à Syrte, sa ville natale, à son initiative, l’Union africaine était pour Mouammar Kadhafi un premier pas vers les « États-Unis d’Afrique », dont il a proposé formellement la création en 2007. Mais l’idée était loin de faire consensus parmi les 53 États membres. 

Furieux, le « Guide » a remis son idée sur la table un an plus tard à Addis-Abeba (Éthiopie), menaçant cette fois de « tourner le dos » au continent s’il n’était pas suivi. Un compromis d’étape a été trouvé avec la réforme de la commission de l’UA en « autorité ». Soutenu par les États qui bénéficient de ses pétrodollars (Tchad, Burkina Faso, Mali…), Mouammar Kadhafi doit désormais gagner l’appui de pays comme l’Afrique du Sud, première économie du continent, jalouse de sa souveraineté.

Quarante ans de dictature

Point d’orgue des festivités prévues mardi, un spectacle d’une heure et demie retracera le soir, au cœur de la capitale, les quarante années du « règne ». Sur une immense scène, pyrotechnie, danse et jets d’eau sont mis en scène par le Français Martin Arnaud, qui avait conçu la cérémonie d’ouverture du Mondial 1998 de football en France.

Le premier tableau devrait logiquement se dérouler en 1969. Le 1er septembre de cette année-là, le lieutenant Kadhafi, 27 ans seulement, renverse sans effusion de sang le vieux roi Idriss, au pouvoir depuis l’indépendance en 1951. À sa place s’installe un Conseil de commandement de la révolution, au sein duquel le lieutenant d’origine bédouine, devenu colonel, s’impose comme unique figure d’un régime qui se révélera autoritaire.

En 1976, le colonel mégalomane expose ses théories politiques dans un Livre vert, puis proclame quelques mois plus tard la Jamahiriya, ou « État des masses ». Basée sur un slogan, « La représentation abolit la démocratie », le système se veut une « démocratie directe ». Les Libyens débattent de leurs sujets de préoccupation dans des comités populaires, chapeautés par un congrès général du peuple.

Mais, de fait, le « Guide » centralise les pouvoirs et, surtout, les Libyens n’ont pas leur mot à dire sur les sujets nationaux. Dans les années 1980, le régime du colonel, plutôt bien accueilli au début, devient aux yeux du monde un État-voyou. Ami des guérillas de tous les pays, on lui impute notamment l’attentat contre la Panam à Lockerbie en 1988, qui fait 270 morts, et celui du DC-10 français d’UTA au Tchad en 1989, qui tue 170 personnes.

Rente pétrolière et corruption

Pour reconstruire le pays moribond après une décennie d’embargo imposé par l’ONU (1992-2003), le socialisme pratiqué les premières années du régime a dû s’ouvrir au marché mondial. Il a pour cela largement puisé dans sa manne pétrolière, qui représente 75 % des recettes budgétaires.

« Aujourd’hui, le pays bénéficie d’un bon réseau autoroutier, d’un taux de motorisation élevé, des antennes universitaires ont été ouvertes un peu partout dans le pays pour que les filles puissent y accéder », décrit Olivier Pliez, géographe spécialiste de la Libye au CNRS.

En revanche, le pouvoir à échoué à diversifier l’économie. Pour développer l’agriculture, le « Guide » avait pourtant imaginé la « grande rivière », un chantier pharaonique en cours d’achèvement. L’idée, dans ce pays majoritairement aride, est d’amener l’eau pompée dans le désert vers la côte, où vivent

Thomas VAMPOUILLE

lacroix
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