L'engagement suisse pour la paix au Tchad agace le colonel Kadhafi, qui considère ce pays comme sa chasse gardée

Publié le par Waldar



L'engagement suisse pour la paix au Tchad agace-t-il la Libye?


La Suisse tente depuis plusieurs mois de rétablir la paix au Tchad.
Une initiative qui ne plaît guère au colonel Kadhafi, qui considère ce pays comme sa chasse gardée



Depuis le début de l'année, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) cherche à pacifier la situation dans quatre pays africains, le Tchad, le Soudan, la République centrafricaine et le Cameroun. Cet «engagement de politique de paix» s'étend sur trois ans, de 2009 à 2011. Deux pays en particulier n'ont guère connu la tranquillité depuis leurs indépendances, le Soudan et le Tchad. Deux grands voisins de la Libye.

L'homme qui accepte de nous parler est un opposant d'Idriss Deby, le président du Tchad, arrivé par la force au pouvoir en 1990. Il était la semaine dernière à Genève, invité par le DFAE. «La Suisse aimerait que les armes se taisent avant les élections législatives de 2010 et les élections présidentielles de 2011. Elle nous a demandé si nous étions prêts à discuter avec le régime de N'Djamena», nous explique notre interlocuteur, qui séjourne actuellement en Europe.

La Suisse s'implique au Darfour
Sa prudence tient au fait que son organisation n'a pas encore décidé de s'asseoir à la table des négociations, et qu'il est parti en poisson pilote. «Nous devons aussi tenir compte de la réaction du colonel Kadhafi, qui n'a jamais cessé de s'impliquer dans les affaires tchadiennes», ajoute le rebelle. Fin juin, il s'est déroulé à N'Djamena et à Tripoli un curieux chassé-croisé. Pendant qu'Idriss Deby recevait des opposants au régime de Tripoli, le «Guide» de la révolution libyenne accueillait chez lui des adversaires du maître de N'Djamena.

Fin juillet, tout rentre brusquement dans l'ordre: pendant que l'opposition libyenne renonce au terrorisme, une partie de l'opposition tchadienne rejoint Idriss Deby! C'est l'équilibre de la terreur. Mais combien de temps vont durer ces réconciliations tchado-libyennes? Et voilà que la Suisse, avec sa bonne volonté et sa candeur, arrive comme un chien dans un jeu de quilles. «Kadhafi ne supporte pas que les Occidentaux interviennent dans cette région d'Afrique. Pour aggraver son cas, Berne tente aussi au Darfour de réconcilier la guérilla avec le régime de Khartoum!» constate un homme d'affaires français, qui connaît bien la Libye.

Le DFAE ne s'exprime pas
Ces épines tchadienne et soudanaise enveniment-elles encore davantage les relations difficiles entre Berne et Tripoli? Le DFAE reconnaît qu'il contribue «au renforcement des capacités des acteurs clés des processus de paix au Tchad». En revanche, à toutes les autres questions posées par «Le Matin Dimanche», notamment sur la question de savoir si l'engagement de la Suisse contrariait la Libye, il nous a été systématiquement répondu: «Le DFAE ne s'exprime pas sur ce sujet».

On peut toutefois imaginer que Tripoli n'a apprécié qu'avec modération la venue en Suisse, aux frais de la Confédération, de dirigeants politiques tchadiens, encore plus hostiles à Muammar Kadhafi qu'à Idriss Deby.



lematin.ch 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article