Le pouvoir tchadien reconnaît à demi-mot la mort de l'opposant Ibni Saleh

Publié le par Hamid Kelley

L'opposant tchadien Ibni Oumar Saleh, disparu depuis le 3 février après l'attaque rebelle dans la capitale, N'Djamena, est selon toute vraisemblance "décédé" après avoir été arrêté à son domicile par des militaires. C'est la principale conclusion du rapport de la commission d'enquête sur les événements survenus en février, remis le 5 août au président Idriss Déby et rendu public mercredi 3 septembre. "Aucune information ou élément de preuve n'ont pu être obtenus sur le sort d'Ibni Oumar Mahamet Saleh, le seul des opposants politiques enlevés le 3 février à ne pas avoir réapparu. Les gens pensent qu'il serait désormais décédé", relate le rapport. C'est la première fois qu'est évoquée officiellement l'hypothèse du décès du porte-parole de la Coordination des partis pour la défense de la démocratie (CPDC). La commission, qui a interrogé plus de 1 500 personnes, indique que l'opposant a bien été arrêté par l'armée tchadienne, mais ne donne aucun indice sur les lieux et les conditions de sa détention.

"UNE PARODIE POUR AMUSER LA GALERIE"

Le rapport a été immédiatement critiqué par l'opposition et par la famille. Salibou Garba, rapporteur de la CPDC, "craint que le pouvoir n'ait trouvé, à travers cette commission, le moyen d'endormir la famille d'Ibni, ses amis politiques, M. Sarkozy, l'UE, l'Union africaine, l'OIF, bref toute la communauté internationale. Pour mieux rouler tout le monde dans la farine." Le président français avait demandé la mise en place de la commission d'enquête lors de sa visite au Tchad, le 27 février.

Mohamed Saleh, le fils d'Ibni, y a vu "une parodie pour amuser la galerie". "Le commanditaire de la mort de mon père, c'est Déby, a-t-il ajouté. Beaucoup de gens sont impliqués et il veut mettre ça sur le dos de militaires tchadiens dont il veut se débarrasser. C'est la Garde républicaine qui a arrêté mon père sur ordre de Déby. Il a été emmené au palais présidentiel. Il y a été torturé et tué. On veut la dépouille de notre père."

 

Le manque de preuves apportées par la commission a été critiqué par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et l'Union européenne, qui regrettent que "toute la lumière" n'ait été faite sur la disparition. Les deux organisations estiment que ces travaux ne constituent "qu'une première étape de cette recherche de la vérité et de la justice", et "appellent les autorités tchadiennes à engager de nouveaux efforts en ce sens".

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