Mandat d'arrêt contre le président soudanais : L'Algérie envisage de saisir le Conseil de sécurité

Publié le par Hamid Kelley

Le Conseil de sécurité de l'Onu pourrait être saisi pour geler le mandat d'arrêt décrété par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar El-Bachir pour génocide (au Darfour).

C'est plus ou moins ce qu'a laissé entendre le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, à l'issue de ses discussions avec l'envoyé spécial du président du Soudan, M. Djallel Youcef El Dakkir.

A Alger, pour des entretiens avec les autorités algériennes sur la crise au Darfour et la décision, soutenue par l'UE et particulièrement la France, de la CPI d'arrêter pour crimes contre l'humanité le président soudanais, Youcef El Dakkir a été reçu successivement par M. Medelci et le chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika.

«Nous avons des consultations avec les responsables soudanais depuis plusieurs mois et nous avons saisi l'occasion de la présence du ministre de l'Industrie, envoyé spécial, pour poursuivre ces consultations», a souligné M. Medelci.

Selon le chef de la diplomatie algérienne, ces consultations (algéro-soudanaises) ont deux aspects, dont celui de la saisine du Conseil de sécurité (en vertu de l'article 16 du statut de la CPI qui prévoit une procédure de gel de la décision du procureur de la Cour) pour suspendre l'exécution du mandat d'arrêt contre le chef de l'Etat du Soudan.

Cette affirmation du chef de la diplomatie algérienne reflète la position de l'Algérie sur cette question qui est actuellement au menu des préoccupations de la Ligue arabe et de l'Union africaine.

La procédure de gel de la décision du procureur de la CPI «doit nous permettre de prendre toutes les assurances pour que la justice soit rétablie à l'endroit du Soudan et de son peuple et son président», a affirmé M. Medelci.

Une décision qui semble avoir fait mal dans l'hexagone où la réaction officielle de la France est pour le moins anachronique, sinon extrêmement déplacée. Immédiatement après les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, la France a réagi, violemment.

Selon le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux, «la France souhaite que les procédures engagées par la Cour pénale internationale (CPI), notamment contre le président soudanais Omar el-Béchir, suivent leur cours». «Nous appelons les autorités soudanaises à engager sans délai toute la coopération nécessaire avec la CPI et avec la communauté internationale, à commencer par l'exécution des mandats», a-t-il ajouté.

Le ministre (socialiste) français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s'est rendu déjà à plusieurs reprises dans la région, a fait de la question du Darfour une de ses principales préoccupations. Il a notamment installé dans cette partie du sud Soudan un ensemble d'ONG humanitaires chargées de venir en aide aux populations déplacées par la guerre entre factions rivales soudanaises.

La situation sur place n'est toujours pas claire, d'autant que l'armée soudanaise n'est pas directement impliquée dans une sorte de guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de personnes déplacées vers le Tchad ou à l'intérieur du pays.

En outre, le fait que le sud Soudan soit à majorité animiste a provoqué une vague de sympathie et un soutien politique, diplomatique et logistique des pays de l'Union européenne et des Etats-Unis qui ont encouragé la rébellion sudiste contre le pouvoir central à Khartoum classé pays «islamiste», et donc potentiellement menaçant.

Est-ce une surprise que Paris soit au premier rang des pays qui réclament «la tête» du président soudanais quand les criminels de guerre et les génocidaires serbes et croates n'ont jamais été inquiétés, même du temps où Kouchner assurait l'autorité de l'ONU au Kosovo.

Le président soudanais, qui a quelques reproches à se faire sur la très mauvaise gestion de la crise humanitaire et les crimes commis au Darfour, n'est cependant pas un «gibier de potence» que les pays de l'UE veulent avoir la tête pour oublier leurs remords sur ce qui s'est passé d'affreux dans l'ex-Yougoslavie.

La décision de l'Algérie de demander le gel de la procédure engagée par le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, est de nature à apporter en leur temps, dans le calme et la sérénité, des solutions à même de dépasser «ce malheureux épisode».

Et de focaliser l'attention de la communauté internationale, arabe et africaine surtout, pour résoudre par des moyens civilisés et non par la coercition diplomatique cette dramatique crise du Darfour.

Notamment par des conférences qui vont permettre à l'ensemble des parties concernées de trouver un terrain d'entente, consolider l'unité nationale soudanaise et sa réconciliation nationale, estime le chef de la diplomatie algérienne.

Algerie-Monde.com

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