Interviews de Ley-Ngardigal Djimadoum (Secrétaire Général de l’Action Tchadienne pour l’Unité et le Socialisme(ACTUS)

Publié le par Hamid Kelley

 
1. Quel rôle a joué ou joue la Françafrique dans la crise tchadienne?

La France continue de jouer un rôle néfaste voire criminel par sa politique coloniale au Tchad. Elle soutient des régimes dictatoriaux au Tchad comme par exemple celui actuel du Général-Président Idriss Deby, qui depuis 18 ans endeuille la population tchadienne. Les rapports des ONG estiment à plus de 25000 tchadiens tués par cet Homme qui congénitalement est criminogène.

Le soutien inconditionnel militaire de la France aux dictateurs a pour conséquence un entretien indirect et cynique des insurrections légitimes des peuples opprimés par ces régimes tyranniques. Ces guerres imposées par la France au peuple tchadien est un argument supplémentaire du maintien de ses bases militaires au Tchad mais aussi de rendre encore plus esclaves ces présidents à qui ils doivent leur survie.

Rappelons qu’en avril 2006 et février 2008, les Forces de résistance nationales étaient arrivées aux portes de la capitale, N’Djaména et autour du palais présidentiel. Cependant, malheureusement les interventions de l’Armée française ont sauvé le dictateur Deby.

2. L’union Européenne avait initié un dialogue inter-tchadien le 29 au 30 mars 2008 à Paris dont l’objectif était le Dialogue inclusif. Du concept du dialogue à sa réalisation, quelles en étaient les conclusions? Pourquoi le choix de la France et pas le Tchad?

A ma connaissance l’UE n’a jamais organisé une telle Conférence à Paris. Il s’agirait peut être d’une réunion organisée par une petite ONG américaine avec quelques Tchadiens dont vous faites allusion. Si l’UE avait organisé une Conférence, cela aurait un écho incontestable dans les médias. D’une part et d’autre part les protagonistes seraient invités et présents. Ce qui ne fut pas le cas de cette réunion.

3. On dit des Opposants tchadiens que pendant qu’ils négocient avec le pouvoir d’Idriss Déby, ces derniers collaborent en même temps avec les Groupes Extrémistes; ex:( RFC), (UFDD) de Mahamat Nouri. Pourquoi cette ambivalence, selon vous?

La propagande du régime tchadien tente de discréditer les Forces de résistance nationale mais les Tchadiens et l’opinion internationale découvrent la supercherie et les mensonges de Déby à travers les déclarations du Président du mouvement rebelle soudanais du Darfour (MJE) du Docteur Khalil Ibrahim qui révèle ses liens très étroits avec Déby.

4. Au Tchad où les rebelles succèdent aux rebelles, ou opposants est synonyme de businessmen, le véritable problème du pays est-il dans son Opposition ou ses Opposants?

La multiplication des mouvements armés qui est une réaction légitime aux frustrations et injustices sociales des régimes dictatoriaux successifs, ne saurait occulter les problèmes réels de l’Opposition d’une part et celui des Opposants d’autre part. Il y a au sein de l’opposition des« Opposants businessmen », des taupes des régimes infiltrées qui torpillent la résistance,mais il faudrait aussi signaler heureusement la présence des véritables patriotes, nationalistes et démocrates qui, pour l’instant n’ont pas encore véritablement émergés. Tant qu’il n y aurait pas une véritable unité d’action contre la contradiction principale, en l’occurrence celle de capitaliser toutes énergies pour anéantir le dictateur, l’objectif ne serait jamais atteint. Tant que certains Leaders politiques n’auraient pas le sens aigu de la gestion de la chose publique et celui de la nation, le drame continuerait au gré de changements.

5. En terminant, donnez-nous quelques pistes de solutions, pour une véritable paix au Tchad !

L’unique solution objective et crédible pour résoudre la crise tchadienne et ramener une paix pérenne, est d’organiser une Conférence de paix inclusive réunissant le gouvernement, l’Opposition civile démocratique, les Mouvements politico-militaires et la Société civile. Cette Conférence doit être placée sous les auspices de l’Union africaine, les Nations unies avec la participation de certains pays directement impliqués dans le dossier tchadien (Libye, Soudan, Gabon, Nigeria, Congo Brazzaville, France, Sénégal) et des pays qui joueraient un rôle important (USA, Chine populaire, Canada, Russie, Afrique du Sud et Algérie). Elle élaborera un programme d’un gouvernement de transition dont la durée maximale n’excédera pas 12 mois. La mission de ce gouvernement de transition sera d’organiser les élections véritablement démocratiques. A cet effet, ses membres ne doivent pas être candidats à cette première élection présidentielle. Les institutions internationales et les pays participants doivent garantir par tous les moyens la tenue puis l’application des résolutions de ladite Conférence de paix inclusive. Je rappelle que les 28 et 29 octobre 2006 à Paris s’est tenue une importante Conférence de l’opposition démocratique, des Politico-militaires et de la société civile. L’une des résolutions est la création du Comité chargé de l’organisation de la conférence nationale inclusive de paix (COPORT).En ma qualité de Président du COPORT, je lance un appel solennel au gouvernement Canadien d’aider à l’organisation et à la tenue de cette Conférence inclusive de paix au Canada. En effet, Le Canada, pays pacifiste et neutre dispose de ces deux atouts indispensables pour la réussite d’une telle rencontre permettant de sauver la vie des milliers de tchadiens que les guerres fauchent quotidiennement.

TIREES DE CHUO FM OTTAWA-CANADA

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