Rapport sur la situation humanitaire au Tchad, du 5 au 18 mai 2009

Publié le par Waldar

FAITS MAJEURS

- Recrudescence des actes de banditisme à l'est;

- Baisse continue des cas de méningite;

- Difficultés logistiques pour pré-positionner de 2 000 tonnes de vivres pour les réfugiés centrafricains à Daha;

- Appel de fonds du Tchad financé à 41%.

CONTEXTE

Dans la semaine du 4 mai, l'est du Tchad était marqué par des affrontements opposant l'armée nationale tchadienne (ANT) et les groupes d'opposition armée de l'Union des Forces de la Résistance (UFR). Selon les autorités Tchadiennes, les groupes armés ont été anéantis et poussés hors du territoire par l'ANT; cependant des combattants de l'UFR, en déroute, seraient toujours présents à l'est.

Suite aux combats, une augmentation des attaques à main armée ciblant les convois humanitaires et les éléments du Détachement Intégré de Sécurité (DIS) a été notée à l'est. Quelques faits. Entre le 12 et le 13 mai, trois convois du DIS ont été attaqués et dans la nuit du 13 mai, le poste du DIS de Goz Amer a fait l'objet d'une attaque perpétrée par six hommes armés non identifiés en civil. Bilan: un mort et un blessé dans les rangs du DIS. La multiplication des actes de banditisme compromet le bon déroulement des opérations, la protection des civils et l'accès humanitaire.

Durant les combats, les activités humanitaires étaient ralenties autour de Goz Beida. Une partie du personnel des Nations Unies et des ONG avait été évacuée des zones à risque vers Goz Beida grâce aux escortes de la MINURCAT. Depuis le 11 mai, les humanitaires retournent progressivement sur le terrain notamment à Koukou. En revanche, les acteurs humanitaires qui étaient évacués d'Adé et de Dogdoré ne sont pas encore retournés, toutefois la situation humanitaire dans ces deux localités est sous contrôle grâce l'équipe minimale d'humanitaires sur place et la disponibilité d'un stock de contingence.

SITUATION HUMANITAIRE

Mouvement de populations

L'arrivée de nouveaux réfugiés centrafricains dans la région du Salamat, au sud est du Tchad, continue d'être enregistrée. Ces réfugiés sont aujourd'hui estimés à plus de 18 000 personnes. Des flux de réfugiés centrafricains sont également enregistrés dans le sud du Tchad qui accueille déjà plus de 52 000 centrafricains fuyant l'instabilité dans le nord de la RCA.

Suite aux récents combats, des mouvements de populations ont été rapportés dans les zones d'Am Dam et de Tissi. Les acteurs humanitaires ne disposent pas pour le moment d'informations précises sur la situation.

Protection

Le Comité International de Croix-Rouge (CICR) a informé que ses équipes apportent assistance aux victimes civiles et militaires des récents combats. Les délégués visitent les personnes capturées pour vérifier leur traitement et leurs conditions de détention. Les équipes médicales renforcent les capacités des structures sanitaires accueillant des blessés à Am Dam, Goz Beida, Abéché et Ndjamena. Conformément à son mandat, le CICR poursuit ses efforts visant à assurer protection et assistance à toutes les personnes touchées par les récents combats, qu'elles soient blessées, détenues ou déplacées(1).

Les accidents liés à l'explosion des engins non explosés (UXO) sont craints dans l'est du Tchad et surtout dans les zones où il y a eu des passages de combattants, des combats et/ou des bombardements. Les équipes de déminage présentes à l'est effectuent des opérations de dépollution des UXO signalés. Les acteurs humanitaires continuent à sensibiliser les populations sur les dangers liés aux UXO afin de réduire les risques d'accidents.

Santé

Baisse du nombre de cas de méningite

Le nombre de cas cumulés entre le 1er janvier et le 3 mai 2009 est de 1 199 cas dont 133 décès, soit un taux de létalité de 11,1 %. La tendance générale est à la réduction du nombre de nouveaux cas cf. graphique ci-contre.

A la date du 3 mai, aucun district n'était ni en état alerte, ni en situation d'épidémie. Pour les huit districts sanitaires de l'est du Tchad, 43 cas suspects et trois décès ont été notifiés entre le 1erjanvier et le 10 mai 2009; soit un taux de létalité de 7 %.

Le renforcement de la surveillance épidémiologique ainsi que la prise en charge adéquate des cas continuent. Des campagnes de vaccination ont été effectuées dans les villes touchées notamment à Dourbali au sud, Ndjaména ; et se poursuivent à Goundi et Pala dans le sud.

Evaluation à Daha

Une équipe d'évaluation conjointe UNFPA/UNICEF/UNHCR a effectué une mission dans la région du Salamat, le 15 mai. L'objectif de cette mission était d'évaluer les besoins en Santé de la Reproduction des réfugiés centrafricains à la suite du retrait de l'ONG médicale qui intervenait dans cette zone.

Une équipe de l'OMS a également séjourné, du 1er au 9 mai, à Daha –Salamat- pour évaluer les besoins pour l'assistance sanitaire aux réfugiés centrafricains durant la saison des pluies.

Fièvre jaune au Tchad

Le premier cas de fièvre jaune, de cette année, a été confirmé le 5 mai. Ce cas a été enregistré dans le district sanitaire d'Iriba. Les autorités sanitaires, appuyées par leurs partenaires, ont pris des mesures pour le renforcement de la surveillance épidémiologique. L'OMS et le Ministère de la Santé Publique du Tchad comptent mener des investigations approfondies sur le terrain et organiser une riposte adéquate dès que la situation sécuritaire le permettra.

Nutrition

Augmentation des cas de malnutrition aigue à l'est

Depuis le mois d'avril, le nombre des cas nouvellement admis dans les centres nutritionnels augmente tant dans les sites des déplacés internes que dans les camps de refugiés. Cette tendance a été notée dans les cliniques gérées par MSF-Hollande à Adé et à Kerfi et aussi lors du dépistage exhaustif effectué par différents acteurs intervenant dans le domaine de la nutrition. L'accroissement du nombre d'enfants malnutris traités dans les centres, à deux mois de la période de soudure, est inquiétant. En général c'est durant la période de soudure que ce phénomène était observé. L'UNICEF a distribué à ses partenaires 30 tonnes de plumpynut (biscuits protéinés) pour renforcer la prise en charge communautaire et les centres nutritionnels. D'autres produits thérapeutiques et matériels consommables sont aussi mobilisés.

Suivi nutritionnel

Salamat- Alors que l'assistance nutritionnelle à Daha continue avec le support de l'UNICEF, en partenariat avec le PAM, les activités ambulatoires à Massembagne ont été suspendues après le départ de MSF-F au début du mois. L'UNICEF compte étendre son action à Massembagne pour combler ce gap. A cet effet, un stock de contingence de six mois est mobilisé et sera pré-positionné à Daha et Haraze avant la fin de cette semaine.

Dar Sila- Les activités de recherche active et de dépistage des cas de malnutrition aigue qui avaient été suspendues à cause des récents combats reprennent progressivement dans le Dar Sila.

Education

L'atelier sur le renforcement de la qualité de l'éducation à l'est du Tchad organisé, en fin avril, par l'UNICEF en collaboration avec le Ministère de l'Education Nationale, a débouché sur les recommandations suivantes:

- L'affectation massive d'enseignants qualifiés à temps;

- La prise en charge des enseignants nouvellement intégrés et affectés;

- La dotation en manuels, matériels didactiques et mobiliers scolaires à toutes les écoles de l'est;

- La dotation en matériels reprographiques, moyens roulants et matériels de bureau aux inspections;

- La prise en compte des conditions de vie à l'est dans l'indemnisation des enseignants.

A travers son programme des cantines scolaires, le PAM a distribué 1 077 tonnes de vivres au profit de 88 000 élèves à l'est du Tchad. Le programme des cantines scolaires en situation d'urgence vise à rehausser le taux de fréquentation des écoles, réduire la déperdition scolaire des filles et décourager l'enrôlement des enfants dans les groupes et forces armés.

reliefweb

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